terça-feira, 2 de fevereiro de 2021

Tribuna no L’Obs: Marrocos e Israël, a perigosa «transação»

 


Segundo o príncipe Hicham Alaoui, primo do rei de Marrocos e investigador associado no Weatherhead Center for International Affairs (Harvard - EUA), a normalisação das relações entre o reino e o Estado hebreu não podem repousar numa barganha pelo reconhecimento do Sahara Ocidental.


Artigo de Hicham Alaoui no L’Obs

Comme l’a souhaité l’administration Trump, le Maroc va donc devenir le cinquième pays arabe à normaliser ses relations avec Israël. Déjà le 26 janvier, David Govrin, représentant d’Israël au Maroc, est arrivé à Rabat. Selon les termes mêmes de l’ancien président américain, ce geste a été le produit d’une « transaction stratégique ». Les Etats-Unis reconnaissent la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et, en échange, le Maroc établira les pleines relations commerciales, stratégiques et diplomatiques avec l’Etat d’Israël.

Cette reconnaissance mutuelle a soulevé d’intenses critiques dans des milieux divers, qui reprochent au Maroc d’avoir exploité la situation de deux peuples sans Etat : le Maroc braderait les Palestiniens en échange de la consolidation de sa position au Sahara occidental, dont le statut n’a pas encore été déterminé par le droit international.

Ce récit géopolitique ne rend néanmoins pas compte de la perspective marocaine. Le Maroc ne considère pas que la question du Sahara occidental et celle de la Palestine puissent faire l’objet d’un marchandage réciproque. Les deux situations sont de tristes héritages du colonialisme occidental, mais chacune a sa spécificité et pose des défis propres. La tâche essentielle pour le Maroc est de résoudre chaque conflit de la manière la plus juste.

 

Le rapprochement avec Israël a toujours été sur l’agenda dynastique

Le contexte du Sahara occidental n’est pas équivalent à la tragédie palestinienne. Les Palestiniens ne sont pas citoyens d’Israël, alors que les Sahraouis sont citoyens marocains, même si certains refusent ce statut. L’annexion de la Palestine par Israël rend impossible toute citoyenneté future. Elle l’a privée de l’autonomie et de sa capacité à s’autoadministrer, en violation des accords d’Oslo qui se fondaient sur la mise en place d’une confiance réciproque dans la perspective de la création d’un Etat palestinien.

 

La politique du Maroc au Sahara occidental se fait dans un cadre différent : elle offre la citoyenneté dès maintenant, et peut reconnaître l’autonomie et l’autoadministration dans le futur [une partie des Sahraouis demande un référendum d’autodétermination, NDLR]. Ce processus pour régler le conflit doit continuer, et ne peut prendre racine que dans une perspective de démocratisation réelle et de respect des droits humains. Il faut bien reconnaître que la déclaration américaine constitue un important geste politique, mais qui ne saurait modifier le droit international. C’est à la présidence Biden de décider : reconduire cette décision, la modifier ou la rejeter.


L’ouverture du Maroc au principe d’une normalisation avec Israël vient de loin, d’un point de vue historique. Il y a, depuis l’aube de la monarchie alaouite, une longue et riche tradition d’engagement de la dynastie envers le judaïsme et la judéité. Notre Constitution reconnaît l’héritage du judaïsme comme partie intégrante de l’identité nationale. Le roi Mohammed V, père de l’indépendance marocaine, a protégé les juifs du royaume durant la Seconde Guerre mondiale. Les juifs marocains qui ont émigré en Israël après sa création ont gardé des liens culturels et religieux avec leur patrie d’origine ; c’est en grande partie sur cette base-là que le roi Hassan II fut le premier chef d’Etat arabe à rencontrer Nahum Goldmann, président du Congrès juif mondial en 1970.

 

La monarchie marocaine a par la suite maintenu des canaux de communication fructueux avec Israël, allant d’une diplomatie informelle à une coopération sécuritaire – cette dernière ayant parfois conduit à des épisodes sinistres, comme l’affaire Ben Barka. Mais le rapprochement avec Israël a toujours été sur l’agenda dynastique. Les événements actuels inscrivent le roi Mohammed VI dans la ligne de son grand-père et de son père. Il fait faire un pas de plus au processus de rapprochement. Il revient d’abord à la situation qui a prévalu jusqu’en 2001, quand les deux pays avaient échangé des bureaux de liaison. Ensuite, à partir de là, se développe un processus graduel, mais qui ne saurait reposer sur un marchandage de court terme, parce qu’il précède le marchandage et cherche à aller bien au-delà. Dans le cas du Maroc, il n’était question ni de triomphalisme ni d’exhibitionnisme. De plus il ne saurait s’agir de bâtir une alliance au détriment d’un tiers. La normalisation n’est pas encore la pleine reconnaissance.

 

Longue tradition de soutien à la Palestine

Ceux qui connaissent le peuple marocain savent qu’il a toujours entretenu une relation affective à une cause palestinienne perçue comme essentielle. Dans l’histoire récente, la monarchie marocaine a défendu des initiatives régionales en faveur de la cause palestinienne. Elle a surmonté l’opposition jordanienne et la réticence égyptienne au sommet de la Ligue arabe en 1974 à Rabat, qui s’est conclu sur la reconnaissance de l’OLP comme seul représentant du peuple palestinien. En 1982, au cours du sommet de la Ligue arabe à Fès, le roi Hassan II a contribué à faire approuver le plan Fahd pour une paix globale entre les pays arabes et Israël. Il l’a fait en s’opposant au « front du refus » incarné par la Libye, la Syrie et de l’Algérie, front que l’Irak, empêtré dans sa guerre avec l’Iran, venait juste de lâcher. Le Maroc a, cette fois aussi, contré l’opposition de la Jordanie, qui envisageait, avec le soutien de l’administration Reagan, la nouvelle option d’une confédération jordano-palestinienne. Le roi Hassan II a surmonté toutes ses résistances pour le compte de Yasser Arafat, qui, après son départ de Beyrouth, avait donné son soutien au plan Fahd. Ce plan a notoirement servi de précurseur à l’initiative de paix arabe en 2002. En 1991, le Maroc a soutenu la conférence de paix de Madrid, se servant de la dynamique créée par la guerre du Golfe pour faciliter la recherche d’une souveraineté palestinienne. Le peuple marocain attend donc de son Etat qu’il perpétue cette longue tradition de soutien à la Palestine, d’autant plus que le roi Mohammed VI est le président du Comité Al-Qods.

Il serait important que sur des questions aussi essentielles le peuple marocain puisse s’exprimer et que la liberté d’opinion soit pleinement reconnue.

Le Maroc considère qu’une authentique réconciliation avec Israël ne peut pas reposer sur un marchandage. Cela doit relever d’un processus qui respecte aussi les droits du peuple palestinien. Cette constante traverse toute notre histoire

 

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