Artigo do «Le Monde» de 8-02-2015
A família real marroquina cinta-se entre os clientes do HSBC Private
Bank. Com efeito, segundo os documentos confidenciais obtidos pelo Le Monde, uma
conta bancária em nome de «Sua Majestade o rei Mohamed VI», solidária com o seu
secretário particular, Mounir El-Majidi, foi aberta a 11 outubro 2006 no HSBC
Private Bank de Genebra . A identidade real refugiava-se por detrás de um código
interno (BUP, de « business partner ») reportado nos registos do banco com o
número: 5090190103.
Seul
l’Office des changes conserve le pouvoir d’accorder des dérogations à titre
exceptionnel. Contactée par Le Monde, jeudi 5 février, la direction de l’Office
des changes n’a pas donné suite à nos sollicitations. Cette administration
chargée de réguler la circulation des devises accorde régulièrement des
amnisties en échange du rapatriement des fonds marocains placés à l’étranger –
la dernière campagne sous le sceau du « patriotisme économique » vient tout
juste de s’achever sur un rapatriement record de 2,2 milliards d’euros. Dans un
tel contexte, la révélation d’un compte ouvert en Suisse au nom du roi est politiquement
sensible – même si le montant de près de 8 millions d’euros qui y figure semble
modeste, en regard d’une fortune personnelle du monarque estimée en 2014 par le
magazine Forbes à 1,8 milliard d’euros.
La révélation d’un compte ouvert en
Suisse est sensible en période de campagne de «patriotisme économique »
Le Monde
a interrogé M. El-Majidi au sujet du compte suisse du roi, en souhaitant savoir
s’il était toujours actif. Ses avocats à Paris, Me Hicham Naciri et Me Aurélien
Hamelle, ont déclaré qu’ils ne souhaitaient « ni confirmer ni infirmer
[l’ensemble de ces informations, qui] relève du plus strict secret bancaire et
de la vie privée de Sa Majesté le roi, dès lors qu’il s’agit d’éléments
relevant de la sphère patrimoniale privée de ce dernier ». Avant d’ajouter : «
En tout état de cause, toute ouverture de compte bancaire à l’étranger s’est
faite dans le strict respect de la réglementation en vigueur au Maroc. »
Le mystère des holdings royales
Le
prince Moulay Rachid et la princesse Lalla Meryem, respectivement frère cadet
et sœur ainée de Mohammed VI, figuraient également dans la liste des clients de
HSBC PB à Genève, sans indication des montants de leurs avoirs. Le Monde les a
également contactés. Les mêmes avocats ont envoyé les mêmes éléments de réponse
que pour le roi. La famille régnante, outre ses nombreuses terres et
résidences, tire l’essentiel de sa fortune de la Société nationale
d’investissement (SNI), le plus important groupe privé du pays. Selon nos
estimations, Mohammed VI aurait perçu près de 8,7 millions d’euros en
dividendes de la SNI à l’été 2006. Or, en octobre, c’est à peu près la même
somme qui a été déposée sur le compte ouvert à Genève.
La SNI
(ex-ONA-SNI, ex-ONA) avait été héritée de Hassan II à la mort de ce dernier, en
1999. A la fin de sa vie, le monarque n’en détenait que 13 %. Depuis, le
contrôle royal s’est raffermi et le groupe s’est étendu. C’est aujourd’hui un
empire qui détient des parts, le plus souvent majoritaires, dans trente-quatre
compagnies – certaines multinationales – réparties dans une quinzaine de
secteurs économiques majeurs (banque, énergie, métallurgie, mines, téléphonie,
immobilier, hôtellerie, distribution…).
Ce
conglomérat, qui pesait 6,4 milliards d’euros en 2013 (soit à lui tout seul, 7
% du PIB marocain), est aujourd’hui détenu à près de 60 % par la famille
royale, à travers différentes holdings personnelles. Si la structure et les
chiffres de la SNI sont connus au Maroc, ceux des holdings royales « de tête »
ont toujours été un mystère, à peine effleuré à l’occasion d’une opération
boursière en 2010. Grâce à des documents qu’il a pu consulter en marge des
listings HSBC, Le Monde peut aujourd’hui lever un pan du voile.
Les
holdings Ergis et Siger (deux anagrammes de regis, le mot latin pour roi), coiffant
la SNI, appartiennent au monarque lui-même, même si celui-ci ne l’a jamais
précisé officiellement. Reste que les avocats du palais l’admettent eux-mêmes :
« Le fait que Sa Majesté le roi dispose d’un patrimoine privé et de
participations actionnariales dans un certain nombre de sociétés, au travers
d’une société holding, est parfaitement connu du public et n’est absolument pas
dissimulé. »
En plus
de leurs parts dans la SNI, Siger et Ergis détiennent de solides intérêts dans
l’agroalimentaire et les cosmétiques, l’hôtellerie, l’électricité,
l’ameublement, mais aussi des secteurs surprenants comme la chasse au gibier,
la verrerie, et l’entretien des sols. Au total, plus d’une vingtaine
d’entreprises dont plusieurs, lourdement capitalisées. Chacun des frères et
sœurs de Mohammed VI dispose également de son propre holding : Providence
holding pour le prince Moulay Rachid, et Unihold, Yano Participation et Star
Finance pour, respectivement, les princesses Lalla Meryem, Lalla Asma et Lalla
Hasna.
Depuis
2009, ces six holdings se partagent l’actionnariat de la Commerciale de
promotion et de participation, alias Copropar, un fonds de participation dont
l’unique fonction est de centraliser les actions SNI détenues par les holdings
royaux (sauf Siger qui détient aussi 4,8 % de la SNI directement). C’est donc
par l’intermédiaire de Copropar que l’argent de la SNI « remonte » vers la
famille royale, sous la forme de dividendes annuels dont le montant, en 2013,
oscillait autour de 2 millions d’euros pour les princesses, 3,7 millions pour
le prince, et jusqu’à 10 millions pour Siger et Ergis, holdings présumées du «
chef de famille », c’est-à-dire le roi.
Un défi à la Constitution
La
répartition des actions Copropar reflète celle des dividendes. Alors que les
holdings attribuées à Mohammed VI en détiennent 50,6 %, celui de son frère n’en
possède que 18,6 %, et ceux de ses sœurs, entre 9,3 % et 11,3 %. Moulay Rachid
a un peu investi dans l’exportation d’huile d’olive, et ses trois sœurs se sont
associées dans une affaire de location d’entrepôts à Casablanca. Mais hormis
ces maigres activités, leurs holdings servent surtout à centraliser leurs
avoirs immobiliers (résidences secondaires, tertiaires, fermes) répartis à
travers le Maroc… et à stocker les revenus tirés de la SNI.
En 2013,
les frères et sœurs de Mohammed VI disposaient d’un total de 424 millions
d’euros en immobilisations financières (145 millions pour le prince, de 71 à
107 millions pour les princesses).
Au vu de
ses actionnaires, l’existence même de la SNI est un défi à la Constitution
marocaine, dont l’article 36 prohibe « les conflits d’intérêts (…) [et] toutes
les pratiques contraires aux principes de la concurrence libre et loyale ».
Dans un pays où le roi est l’autorité administrative et judiciaire suprême, les
entreprises dont il est actionnaire partent-elles vraiment sur un pied
d’égalité avec les autres ?
Les
avocats du palais royal affirment que oui et réfutent toute infraction à la
Constitution, soulignant que « les entreprises en question sont dotées d’une
gouvernance propre et autonome, et sont assujetties aux droits des sociétés et
de la concurrence au même titre que les autres entreprises opérant au Maroc ».
Les avocats de Sa Majesté concluent : « Permettez-nous de relever que les
questions que vous posez traduisent une méconnaissance profonde du cadre
institutionnel marocain, à savoir celui d’une monarchie, auquel vous pouvez
difficilement comparer le cadre institutionnel français. »
Ce n’est
pas la première fois qu’il est question d’un compte bancaire étranger du roi.
En juin 2012, la photo d’un chèque de 787 000 euros, émis personnellement par
Mohammed VI pour boucler le financement d’une mosquée à Blois, avait circulé
sur Internet. L’image montrait que le chèque était payable dans une agence de
la banque BNP Paribas sise boulevard Malesherbes, à Paris. Interrogés également
sur ce point, les conseils du monarque n’ont pas souhaité apporter de
commentaires.
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